Bilan 2023


C’est le début d’une nouvelle année, donc j’avais envie de reposter ici de façon plus illustrée le bilan 2023 que j’ai publié sur Instagram.

J’ai l’impression de continuer à voir mon travail évoluer de façon générale et à y faire de belles rencontres humaines. Le début d’année n’a pas été très productif car voir des années de mon travail utilisé par une autre personne sans mon accord m’a pas mal tétanisé·e, mais ça va mieux depuis ma prise de parole publique.
Je reste heureuxse d’alterner entre le tatouage, la photographie, la réalisation de films et l’écriture. J’apprends à ressentir que c’est ok de faire autant de choses et de fait, d’avancer plus lentement. Je reste aussi assez inquiet·e par rapport à l’instabilité actuelle et 2024 : j’ai travaillé sur beaucoup de belles choses enrichissantes, je sais que cela peut donner sur les réseaux l’illusion de beaucoup de paillettes, mais l’équilibre pro/perso et la stabilité financière ne sont pas encore atteints.

✴ Côte photographie, mes travaux militants, de portraitiste et le projet Récupérer nos corps sont en pause : je ne trouve pas les ressources pour allier travail bénévole et les difficultés de l’auto entreprenariat. La plupart du travail mené sous cette casquette n’est pas rémunéré. Concrètement, pour Récupérer nos corps , il me faudrait un financement et une maison d’édition. Je jonglais aussi plus facilement avec l’idée de ne pas être rémunéré·e pour mon travail de portraits lorsque j’étais salarié·e avec un niveau de vie plus confortable. Je me suis donc concentré·e sur des travaux beaucoup plus personnels comme mon projet Arctic Circle, le projet Chasing Whales que je vais bientôt présenter ici, et globalement ce qui tourne autour du voyage et des espaces naturels. J’ai pu faire des photos pour ces projets dans les Orcades, les Féroé, les Highlands notamment. Je cherche d’ailleurs à faire des résidences dans le nord de l’Europe pour continuer mes travaux.
Mon travail à aussi été publié dans quelques ouvrages collectifs (Photodarium, revue Cahot, revue Le Bateau, projet Evasions), exposé dans des galeries (à la Galerie Héloïse notamment) et j’espère arriver à la publication (auto) de deux ouvrages sur lesquels je travaille en ce moment, j’ai vraiment hâte.

Les Highlands
Les Orcades
Les Féroé
Le projet Chasing Whales

Nos courts-métrages avec Laure Giappiconi et Elisa Monteil ont été projetés dans 32 festivals en Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Océanie et Asie, autant dans des festivals de cinéma classique que queer ou porn. Gros changement pour nous : deux de nos films sont maintenant visibles sur des plate-formes en ligne. Fluidité est disponible en VOD sur Tënk et Les Corps Dansants sur Pink Label TV.
J’ai pu aller présenter nos films au Brussels Porn Film Festival et au festival Écrans Mixtes. Nous avons tourné un nouveau film en résidence dans le Sud de la France cet automne et on a hâte de sa sortie fin 2024. J’ai aussi tourné les images du premier film solo de Laure dans un théâtre, trop trop hâte aussi de le voir sur grand écran.

Côté tatouage, je suis content·e de la direction que mon travail continue à prendre, de connecter cela à mon amour pour les sciences, même si les conditions de cette fin d’année sont plus rudes. J’ai intégré une équipe formidable chez Encre & Cendre. J’ai pu faire des guests où je continue à apprendre plein de choses chez Dolorès à Paris et en Suède chez Studio Yarden.
Je vous ai encré 148 pièces et j’ai commencé le handpoke. J’ai créé ma première liste de Inktober, le Biologinktober et vous lui avez fait un bel accueil. J’ai parlé de mon travail dans le podcast de Strangeland La Rochelle. Je réexplore la création avec la sortie de créations inpirées par mon travail de tatoueureuse, c’est très intéressant de découvrir de nouveaux médiums et de me sentir un peu plus légitime à le faire. J’ai fait mes premiers prints. J’ai créé une collection entière (collection Lofoten) qui allie illustration, photographie et voyage, c’était chouette de pouvoir tout lier. Et j’ai clairement coché une entrée de ma goal list en fabriquant des pins.

✴ Côté écriture, il y a les deux projets d’édition mentionnés plus haut, mais cette année je laisse surtout des textes inachevés qui me tiennent à cœur et j’aimerai prendre le temps de les finir l’an prochain.

Pour finir, un gros gros merci à mes proches pour leur soutien.
Un autre gros merci à vous, qui m’avez permis·e d’être artiste à temps plein une année de plus, en aimant et en partageant mon travail, en achetant mes créations et en bookant pour des tatouages.

Pour continuer à me soutenir vous pouvez parler de mon travail autour de vous, liker et partager sur les réseaux sociaux, m’acheter des tirages, des créations ou m’écrire pour parler d’un tatouage. Mes créations sont d’ailleurs aussi disponibles à la boutique Encre & Cendre à Lyon. Vous pouvez aussi me retrouver quasi quotidiennement sur mes deux comptes Instagram. ✨

Lofoten collection ✨

Elle est là ! La collection Lofoten, ma première grosse collection qui mêle mon travail de tatoueureuse et mon travail de photographe.
Elle part d’un voyage que j’ai fait dans cet archipel norvégien en 2021, dans le cadre de mon projet photographique Arctic Circle.
Cette collection comprend 14 créations parfaites pour le temps hivernal : un print, une carte-postale d’un cliché argentique, cinq pins, quatre stickers, une paire de boucles d’oreille, un collier et un porte-clé. Le tout avec des phoques, des baleines, des aurores boréales, des rorbuers (cabanes de pêche norvégiennes), etc.
Tout est disponible dans ma boutique et dans mon Etsy.

Une box contenant la collection complète à prix réduit, ainsi que le pack de pins sont également disponibles.

Cela représente deux mois de travail et des tonnes d’essais après avoir tout designé de A à Z, alors j’espère vraiment que cela vous plaira !

Litige autour de mon travail (mise à jour)

Je souhaite faire une mise à jour à la suite de la publication du témoignage posté il y a deux semaines sur le litige entre l’artiste Romain Gandolphe et moi-même.

Pour rappel, il s’agit d’un litige aussi bien sur un plan personnel que professionnel. Sur le plan professionnel, il concerne notamment deux de mes projets et ce que je considère comme une récupération de mes processus artistiques dans le domaine de la photographie argentique. Ces deux projets sont :

  • Le projet photographique Arctic Circle sur lequel je travaille de façon épisodique depuis 2016. En janvier 2023, Romain a réalisé un travail que je considère similaire à ce projet, en prenant, d’après moi, un de mes livres comme point de départ. Nos travaux respectifs sont montrés dans un tableau comparatif dans l’article en question.
  • Un design typographique que j’avais créé en 2021 pour le tatouer sur sa peau, que Romain a utilisé dans une de ses œuvres et ce, sans mon accord ou même m’en parler. Cette œuvre est aujourd’hui exposée dans un centre d’art à Toulouse.

Le plan personnel est peu évoqué, mais j’aborde tout de même la difficulté pour moi aujourd’hui de me sentir en sécurité dans les espaces lyonnais où j’ai l’habitude d’aller, même dans le contexte de mon travail.

Mon témoignage se termine sur le constat que pour moi, cela s’inscrit dans un contexte plus large où la reconnaissance de certain·e·s artistes par les institutions du milieu de l’art crée des enjeux de pouvoir.

À la suite de la publication de ce témoignage sur mon site, j’ai reçu énormément de soutien, à un point que je n’avais pas imaginé. Je tiens à remercier encore une fois les centaines de personnes qui ont réagi, que ce soit par messages, par commentaires ou par likes. Il y a eu plusieurs milliers de clics sur le site pour lire l’article, ce qui est aussi incroyable. C’est précieux de se sentir entendu·e et cru·e, surtout dans le cadre d’une expérience de vie qui m’a causé·e autant de dégâts. Cela m’a libéré·e d’un poids et je ne suis par exemple plus bloqué·e dans l’avancée de mon projet Arctic Circle. J’ai pu reprendre l’écriture d’un ouvrage commencé il y a deux ans sur le voyage mentionné de 2021.

En plus de cette écoute, je suis très touché·e que vous ayez été aussi nombreuxses à m’écrire pour me partager des expériences de vie et me dire que cela vous fait du bien de voir ce type de témoignages portés publiquement. La représentation est un pilier dans mon travail et je suis heureuxse de pouvoir continuer à porter ce type de valeur. L’artiste Ophélie Demurger a d’ailleurs publié son propre témoignage sur son compte Instagram.

Mais je suis aussi réellement horrifié·e du nombre que vous êtes à m’avoir écrit pour parler – avec vos propres termes – de relations très violentes, de vos ex qui vous harcèlent, de vos ex qui se sont appropriés ou ont signé vos travaux, d’autres artistes qui se sont appropriés vos travaux, etc. Et dans la grande majorité, ce sont des femmes et/ou personnes queer qui m’ont écrit pour parler de ces problèmes qu’iels ont vécu ou vivent encore, et ce, principalement face à des hommes. Et j’ai aussi été horrifié·e de constater que quasi aucun·e d’entre vous n’a obtenu justice dans son parcours.

La très grande majorité des personnes qui m’ont soutenu et/ou ont relayé mon témoignage sont aussi des femmes et/ou des personnes queers. Très peu d’hommes non queer ont exprimé du soutien ou m’ont écrit et cela me questionne toujours sur le pourquoi.

Je n’ai pas reçu de soutien des institutions : les Beaux-Arts de Lyon ont été interpelés par d’autres personnes et n’ont pas répondu. J’ai personnellement contacté le centre d’art qui expose l’œuvre de Romain contenant mon design typographique : le directeur m’a pour le moment répondu être déjà au courant et qu’il ne prendra pas de décision sans que la justice en prenne une. Quand on sait que ces procédures prennent des années et que l’exposition se termine en septembre … C’est très décevant et je ne comprends pas pourquoi mon consentement n’est pas écouté.

En résumé, les soutiens sont individuels, et principalement de femmes et/ou personnes queer, et non institutionnels. Cela correspond au constat que j’abordais déjà dans mon témoignage.

Et après ?

Dans un premier temps je souhaite que ce témoignage puisse continuer à vivre. Et comme je l’ai déjà mentionné, je vais donc poursuivre mes démarches jusqu’au tribunal, démarches qui vont malheureusement s’inscrivent sur plusieurs mois ou plusieurs années.