Dermestes

Je vous parle régulièrement des techniques de nettoyage que j’utilise pour les carcasses au fil de mes posts, et également dans cette sorte de FAQ où je récapitule les techniques que je connais. Si vous avez suivi tout ça, vous savez que parmi mes méthodes préférées, il y a l’utilisation d’élevage de dermestes qui sont très efficaces aussi bien sur des carcasses fraîches que desséchées, dans un milieu bien sec. Ils peuvent faire le travail en quelques jours ou quelques semaines selon la taille et l’état du spécimen. Voici une vidéo bien faite que j’ai découverte dans le courant de l’année passée et qui documentent bien ce type de processus, avec un ara, une chouette et un faisan :

En voici deux autres avec différents insectes nécrophages :

Certaines de ces vidéos ont précédemment illustrées le chouette article Zombies vs. animals ? The living dead wouldn’t stand a chance, de David Mizejewski.

Et en complément de la première vidéo, j’ai également trouvé cet article du site de National Geographic, qui explique le processus, intitulé Flesh-eating beetles explained.

C. familiaris

Voici quelques photos d’un chouette squelette de chien trouvé par un ami. Les os étaient déjà secs et j’ai juste eu à nettoyer la terre qui les entourait. Il s’agissait probablement d’un petit chien, type chien de chasse, d’après sa taille et la forme de son crâne. Seule des os de la moitié avant de son corps ont été trouvés … le reste a peut-être été emporté par des renards. Un certain nombre d’os présentent des signes de vieillesse. Certains pourraient être signes d’une pathologie sur un individu plus jeune, mais leur mise en relation me fait vraiment penser à un chien âgé. Je vais passer en revue quelques détails intéressants à l’aide des photos suivantes.


Vue d’ensemble des restes trouvés.


Les dents sont relativement usées et l’os est poreux et irrégulier autour de l’orbite (perte de densité osseuse ?).


Je ne suis pas sure à 100% pour ce cas mais cette cavité autour de la racine dentaire ressemble beaucoup à un début d’abcès. On peut également voir une bonne couche de tartre sur l’émail de cette molaire.


D’après le développement des crêtes occipitale et sagittale je pense qu’il s’agissait d’un mâle.


Cette marque me laisse songeuse : défaut de naissance ou traumatisme ?


Sur les deux extrémités de son humérus gauche on peut voir, en bordure des surfaces articulaires, de petites croissances anormales de l’os. Il s’agit d’exostose, phénomène lié à la sénescence de l’os et qui correspond à une croissance anarchique de sa structure. Ces formations peuvent bloquer l’articulation et rendre les mouvements difficiles et douloureux. Elles peuvent être un symptôme d’arthrite.


Ici on peut voir un os du carpe totalement déformé sur sa partie distale. En comparaison, j’ai mis à droite le même os issu du carpe d’un vieux renard. On voit que l’exostose a totalement entourée la surface articulaire. Il est possible que ça ait rendu l’articulation du poignet assez ankylosée (malheureusement je n’ai pas les autres os du carpe pour pouvoir en dire plus là-dessus).


On peut observer ici sur l’extrémité d’une côte que le cartilage sternal (qui relie côte et sternum) s’est en partie ossifié et soudé à la côte. C’est relativement courant sur les vieux mammifères mais ce phénomène peut également être causé par certaines maladies entraînant une hyper calcification (donc pas forcément sur de vieux individus).

Voilà, encore un chouette spécimen sur lequel il y a plein de choses à dire, et que je n’ai pas fini d’observer avec attention !