Fujichrome Sensia 100

Cette pellicule est une très grosse surprise. Elle est restée quatre ou cinq ans dans mon Lomography SuperSampler et n’utilisant pas du tout cet appareil, j’ai décidé il y a quelques semaines de la transvaser dans le La Sardina. L’ayant fait dans le noir, je ne savais pas de quelle pellicule il pouvait s’agir. J’ai ensuite utilisé la fin pour prendre des photos de vacances et compléter ma série ghost avec Crystal (à suivre dans un prochain post).

Lorsque j’ai récupéré la pellicule, j’ai eu deux grosses surprises : d’une part rien n’a développé sur les photos prises avec le SuperSampler et d’autre part, toutes les photos du La Sardina étaient complètement roses avec parfois un peu de turquoise. Cela résulte du fait qu’il s’agissait d’une pellicule Fujichrome Sensia 100, très périmée, qui a été développée en traitement croisé. C’est marrant parce que je voulais absolument récupérer une pellicule de LomoChrome Purple 400 pour shooter avec Crystal, et au final ce film a donné quasiment les mêmes résultats.

En tout cas voilà le résultat, qui je pense, ne laissera personne indifférent !

Myocastor coypus

Voici un ragondin trouvé sur la route juste après son accident. Pour ma part c’était la première fois que je voyais un spécimen de cette espèce.

Le lendemain de sa trouvaille, on a nettoyé le gros de la carcasse à plusieurs, mais malheureusement avec les températures que l’on a eu, il était déjà bien abîmé. La collision avec le véhicule a été dévastatrice, son crâne, une partie des côtes et vertèbres ont été brisés et sa paroi abdominale a été perforée, laissant de la matière fécale se répandre un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur du corps, accélérant nettement la décomposition. Cela, plus le fait que cette espèce dégage une certaine odeur de par son huile, ça a été vraiment désagréable. J’ai travaillé le plus vite possible et je pense avoir fait la dissection la plus barbare de ma vie. Le fait que je ne connaisse pas du tout cette espèce a été un désavantage durant cette étape : sa peau, ses couches graisseuses et ses pattes palmées ne ressemblent en rien à ce que j’ai pu voir auparavant sur des mammifères. C’était la première fois que je travaillais sur un mammifère semi-aquatique.

En plus de confirmer l’hypothèse de l’accident de part le nombre d’os brisés, cette étape nous a également appris qu’il s’agissait d’un mâle et pas tout à fait mature : il avait une taille presque adulte mais les os n’était pas épiphysés. J’ai ensuite mis les os mal nettoyé ainsi que les pattes et la queue complètes (avec encore muscles et peau) à macérer dans de l’eau en plein soleil. Les températures qu’on a ici ont fait que le tout a été propre en une dizaine de jours. Après cette étape j’ai rincé et lavé les restes à l’eau chaude et avec un peu de liquide vaisselle. On peut me voir le faire sur une petite vidéo qu’a prise Crystal (attention, sale tronche inside). Les os ont ensuite été séchés, mis 24h dans un bain de péroxyde d’hydrogène puis rincés et séchés à nouveau.

Pour finir une grosse étape de recollage a été nécessaire, pour remettre en place d’une part les épiphyses de chaque os et d’autre part les fragments brisés durant l’impacte. Je n’ai pas retrouvé ou pu recollé un certain nombre d’épiphyses (celles des côtes surtout) et de fragments (crâne, mandibule gauche, coxaux). Je n’aime pas travailler sur des immatures pour cette raison (impossible d’avoir un squelette complet), mais cela reste très intéressant de pouvoir étudier ce genre de spécimens et de voir/comparer les centres et stades d’épiphysation entre les espèces de mammifères.

Au final on a donc un jeune mâle, dont il manque en gros une sternèbre, le baculum, un tarse, les étuis cornés des griffes du membre antérieur droit, la douzième côte gauche et des parties du hyoïde. Il présente également deux petites pathologies osseuses : une côte et une phalange. De ce que j’en vois, je pense que ce sont des signes de fractures anciennes. Et puis ce type de squelette me change pas mal des carnivores du moment, avec des os très costauds et compacts et de grandes griffes, le tout adapté à la fois à son comportement fouisseur et aquatique. La forme de son crâne permet également d’avoir conduits auditifs, yeux et narines sur une même ligne, qu’il peut garder au-dessus de la surface lorsque l’animal nage. Ses puissantes incisives oranges lui permettent de se nourrir de racines et de céréales.

Le début de la dissection. On peut le voir que le processus de décomposition a bien commencé sur toute la partie basse du thorax, qui semble assez désorganisée par rapport au reste.

Une patte postérieure, palmée entre ces cinq doigts. J’ai beaucoup d’autres photos de la dissection en stock, mais j’ai préféré ne pas les mettre, sachant qu’elles sont choquantes et qu’elles n’apportent pas grand chose au niveau savoir, vu le bordel visuel que c’est. En tout cas je remercie mes amis d’avoir pris ces photos pour moi pendant que je faisais le travail.

Après nettoyage et une dizaine de jours de macération.

Après un premier rinçage.

Les vertèbres après un nettoyage complet. Les épiphyses n’ont pas encore été remises en place.

Mélange d’esquilles, de phalanges et d’épiphyses diverses.

Des os des extrémités des membres, après recollage des épiphyses.

Vue d’ensemble du specimen avec mise en avant des os brisés lors de la collision (en bleu) et des pathologies (en violet). Je trouve que cela donne une meilleure idée de ce qui s’est passé. Je pense qu’il a pris la voiture de plein flan/dos, ce qui explique que toute la partie axiale soit touchée.

La mandibule droite et la partie droite du crâne ont été bien abîmées. A droite, on peut voir la partie centrale du hyoïde.

Close-up du membre postérieur gauche.

Close-up des vertèbres caudales, que je trouve particulièrement grandes et épaisses sur cette espèce (d’ailleurs je remarque que j’en ai placées à l’envers). La queue fait la moitié de la longueur totale de l’animal.

La phalange II pathologique.