Martes foina # 2

Voici les restes d’une fouine, il s’agit même de la seconde que je nettoie. Vous pouvez lire le post sur la première ici.
Celle-ci a été trouvée encore une fois en bord de route, au petit matin, encore fraiche. C’était une femelle, adulte, qui a été renversée par un véhicule.


Comme on peut le voir sur la photo précédente, elle saignait abondamment au niveau de la tête. Ça me fend toujours le cœur de voir des animaux dans cet état. La couleur et la taille de la tache claire sous le cou est un des principaux critères pour différencier la fouine de la martre (deux espèces qui se ressemblent beaucoup).


Personnellement je préfère utiliser le critère des coussinets : la martre a des poils sur les coussinets, au contraire de la fouine.


Je n’avais pas le temps de m’en occuper lorsque je l’ai récupérée donc j’ai laissé les mouches faire la première partie du travail, jusqu’à n’avoir plus que les os, quelques tissus et une peau verte. J’ai enlevé la peau et j’ai mis le reste à macérer durant quelques semaines.


Lorsque les os ont été débarrassés de tous tissus mous, je les ai nettoyé à la brosse avec l’aide d’eau chaude et de liquide vaisselle transparent.


Pour finir, ils ont été plongés 24h dans un bain d’eau oxygénée. Voici le résultat sur les carpes et métacarpes des deux pattes antérieures.


Les côtes et le sternum.


Quelques os ont été abimés : double fractures du coxal droit, fracture de la tête de la première côte droite, cassure nette de la mandibule droite et puis surtout le crâne est tombé en miettes. Toutes ces cassures sont péri-mortem. Il ne fait aucun doute que le véhicule a percuté le pauvre animal en pleine tête.


Les mandibules avant le recollage.


Comme on peut le voir, j’ai effectué un recollage sommaire du crâne. Le squelette est quasiment complet : j’ai réussi à perdre quelques phalanges, les trois dernières vertèbres caudales, des sternèbres et la seconde côte droite (il est grand temps que je m’achète un tamis). Contrairement à la première fouine, j’ai réussi à conserver l’ensemble de l’appareil hyoïde (le petit tas d’os à côté du crâne) et les rotules.


Détail du membre postérieur gauche, qui a toutes ses phalanges et étuis cornés (griffes).


Le squelette axial.


Voici le crâne de la première fouine (à gauche), qui, pour rappel, était un grand mâle adulte. On voit bien la différence entre les deux en termes de gabarit (celui du mâle est plus long, plus large, avec des orbites plus larges et un rostre plus massif), mais également de structures. En effet chez le mâle, la crête sagittale (celle qui traverse la boite crânienne au-dessus, verticalement) est développée, alors qu’elle est presque inexistante chez la femelle. L’effet est un peu moins marqué avec la crête occipitale (celle qui traverse l’arrière de la boite crânienne, horizontalement).
Le dimorphisme sexuel est ainsi marqué de cette façon chez la plupart des espèces de carnivores, au niveau des crêtes du crâne.


Le crâne de cette femelle est également plus plat, avec une face légèrement moins convexe.
Ses dents sont un peu plus usées que celles du mâle (notamment les canines supérieures), on peut donc penser qu’elle est morte plus âgée.


Comme sur la première fouine, cette femelle avait quelques anomalies osseuses isolées dont je n’explique pas l’origine. L’une concerne les deux premières vertèbres thoraciques. Celles-ci sont parfaitement soudées entre elles. Les deux premières paires de côtes étaient donc très proches l’une de l’autre. A droite on peut voir les vertèbres du mâle correspondantes, pour comparer.


La scapula droite est totalement anormale au niveau de sa surface articulaire, puisque cette dernière est entourée d’exostose. On le voit bien à gauche sur la photo, il y a des excroissances osseuses au niveau de l’articulation qui fait la jonction avec l’humérus. Je ne pense pas que cela ait toute fois pu engendrer une diminution de l’amplitude des mouvements possibles de l’épaule.


Et pour finir, on observe le même phénomène sur l’extrémité proximale de l’ulna gauche. Le haut de la tête porte le même type d’excroissances, et je ne pense pas non plus que cela ait beaucoup gêné l’animal.


Pour récapituler, je vous ai mis les os abimés en bleus et ceux présentant des anomalies en rouge.

Affaire à suivre car je nettoie actuellement une troisième fouine, toujours tuée sur la route, et encore une fois une femelle adulte.

Une réponse sur “Martes foina # 2”

  1. Bonjour
    Merci pour vos photos et vos connaissances , qui nous comblent , pauvres amoureux de la nature .
    J’ai moi même découvert un crane d’animal dont je voudrais vous soumettre l’expertise .
    Vous trouverez les photos sur le lien.
    A votre disposition pour de plus amples renseignements

    cordialement .

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