Myocastor coypus

Voici un ragondin trouvé sur la route juste après son accident. Pour ma part c’était la première fois que je voyais un spécimen de cette espèce.

Le lendemain de sa trouvaille, on a nettoyé le gros de la carcasse à plusieurs, mais malheureusement avec les températures que l’on a eu, il était déjà bien abîmé. La collision avec le véhicule a été dévastatrice, son crâne, une partie des côtes et vertèbres ont été brisés et sa paroi abdominale a été perforée, laissant de la matière fécale se répandre un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur du corps, accélérant nettement la décomposition. Cela, plus le fait que cette espèce dégage une certaine odeur de par son huile, ça a été vraiment désagréable. J’ai travaillé le plus vite possible et je pense avoir fait la dissection la plus barbare de ma vie. Le fait que je ne connaisse pas du tout cette espèce a été un désavantage durant cette étape : sa peau, ses couches graisseuses et ses pattes palmées ne ressemblent en rien à ce que j’ai pu voir auparavant sur des mammifères. C’était la première fois que je travaillais sur un mammifère semi-aquatique.

En plus de confirmer l’hypothèse de l’accident de part le nombre d’os brisés, cette étape nous a également appris qu’il s’agissait d’un mâle et pas tout à fait mature : il avait une taille presque adulte mais les os n’était pas épiphysés. J’ai ensuite mis les os mal nettoyé ainsi que les pattes et la queue complètes (avec encore muscles et peau) à macérer dans de l’eau en plein soleil. Les températures qu’on a ici ont fait que le tout a été propre en une dizaine de jours. Après cette étape j’ai rincé et lavé les restes à l’eau chaude et avec un peu de liquide vaisselle. On peut me voir le faire sur une petite vidéo qu’a prise Crystal (attention, sale tronche inside). Les os ont ensuite été séchés, mis 24h dans un bain de péroxyde d’hydrogène puis rincés et séchés à nouveau.

Pour finir une grosse étape de recollage a été nécessaire, pour remettre en place d’une part les épiphyses de chaque os et d’autre part les fragments brisés durant l’impacte. Je n’ai pas retrouvé ou pu recollé un certain nombre d’épiphyses (celles des côtes surtout) et de fragments (crâne, mandibule gauche, coxaux). Je n’aime pas travailler sur des immatures pour cette raison (impossible d’avoir un squelette complet), mais cela reste très intéressant de pouvoir étudier ce genre de spécimens et de voir/comparer les centres et stades d’épiphysation entre les espèces de mammifères.

Au final on a donc un jeune mâle, dont il manque en gros une sternèbre, le baculum, un tarse, les étuis cornés des griffes du membre antérieur droit, la douzième côte gauche et des parties du hyoïde. Il présente également deux petites pathologies osseuses : une côte et une phalange. De ce que j’en vois, je pense que ce sont des signes de fractures anciennes. Et puis ce type de squelette me change pas mal des carnivores du moment, avec des os très costauds et compacts et de grandes griffes, le tout adapté à la fois à son comportement fouisseur et aquatique. La forme de son crâne permet également d’avoir conduits auditifs, yeux et narines sur une même ligne, qu’il peut garder au-dessus de la surface lorsque l’animal nage. Ses puissantes incisives oranges lui permettent de se nourrir de racines et de céréales.

Le début de la dissection. On peut le voir que le processus de décomposition a bien commencé sur toute la partie basse du thorax, qui semble assez désorganisée par rapport au reste.

Une patte postérieure, palmée entre ces cinq doigts. J’ai beaucoup d’autres photos de la dissection en stock, mais j’ai préféré ne pas les mettre, sachant qu’elles sont choquantes et qu’elles n’apportent pas grand chose au niveau savoir, vu le bordel visuel que c’est. En tout cas je remercie mes amis d’avoir pris ces photos pour moi pendant que je faisais le travail.

Après nettoyage et une dizaine de jours de macération.

Après un premier rinçage.

Les vertèbres après un nettoyage complet. Les épiphyses n’ont pas encore été remises en place.

Mélange d’esquilles, de phalanges et d’épiphyses diverses.

Des os des extrémités des membres, après recollage des épiphyses.

Vue d’ensemble du specimen avec mise en avant des os brisés lors de la collision (en bleu) et des pathologies (en violet). Je trouve que cela donne une meilleure idée de ce qui s’est passé. Je pense qu’il a pris la voiture de plein flan/dos, ce qui explique que toute la partie axiale soit touchée.

La mandibule droite et la partie droite du crâne ont été bien abîmées. A droite, on peut voir la partie centrale du hyoïde.

Close-up du membre postérieur gauche.

Close-up des vertèbres caudales, que je trouve particulièrement grandes et épaisses sur cette espèce (d’ailleurs je remarque que j’en ai placées à l’envers). La queue fait la moitié de la longueur totale de l’animal.

La phalange II pathologique.

Lomo LC-A

Il y a huit mois j’avais emprunté un Lomo LC-A, appareil de légende, pour le tester. Je l’ai chargé avec un film et des piles sans trop y croire, ne sachant pas si le boîtier était étanche ou si le mode automatique fonctionnait encore. De plus, le cache de l’objectif a tendance a mal tenir et se refermer seul durant la prise. Et même si tout cela voulait bien fonctionner, j’avais un peu peur de la qualité des lentilles : mauvaise comme le Diana F+ ? Acceptable mais peu mieux faire parfois comme le La Sardina ? Le fait qu’elles soient sur cet appareil en verre et non en plastique comme pour les autres que j’ai cité me laissait tout de même un petit peu optimiste.

Ayant peur de voir mes photos gâchées et perdues, j’ai mis plus de six mois a finir une pellicule de 24 poses (du Fuji Superia 200 périmée, comme souvent). Au final je suis agréablement surprise, tout a fonctionné, et le mode automatique a bien fait son travail : il n’y a pas de photo mal exposée. Même avec le fait qu’il n’y ait que quatre distances de prise de vue possible, aucune photo n’est floue. Au niveau de la qualité de l’optique, on est bien au-dessus du La Sardina. Au final le gros défaut de cette pellicule est que j’ai pris un peu n’importe quoi en photo : je prenais ce qui m’intéressait vraiment au Canon, de peur de les perdre.

En fait, sans tenir compte de l’aspect pécuniaire (l’édition basique coûte tout de même 250 €), le Lomo LC-A+ qui est comme le Lomo LC-A mais avec le mode multiple expositions du La Sardina serait un bon investissement.

Edit : je viens de voir que shootingfilm.com a fait une bonne review de cet appareil, je vous conseille d’y jeter un coup d’œil.