pour les deux dernières photos : © Elliott Neep & © euopia
Le week-end dernier, nous avons trouvé deux oiseaux en bord de route. C’était pour moi l’occasion de pouvoir observer de prêt des oiseaux que je ne vois jamais habituellement. Certes, ils étaient morts, mais c’est toujours plus intéressant que rien du tout.
Celui des deux premières photos est une chouette hulotte (Strix aluco). C’est un très bel oiseau, doté de caractéristiques très intéressantes et adaptées à sa condition de rapace nocturne. On voit notamment sur la photo ses serres très grandes et puissantes qui peuvent lui permettre de tuer une proie. Ce post chez arsanatomica décrit en détail leur fonctionnement. J’apprécie les autres détails de ses pattes comme le fait qu’elles soient recouvertes de plumes jusqu’aux phalanges, ou encore les nombreuses spicules en-dessous qui permettent une meilleure adhérence, que ce soit avec un support ou une proie. Comme les autres chouettes, son système visuel lui permet de voir à un angle beaucoup plus important que le notre. Les anneaux sclérotiques qui entourent ses yeux ont d’ailleurs une taille très impressionnante sur le crâne. On peut également noter une adaptation lié à son rôle de prédateur au niveau des plumes, qui rend son vol silencieux. Je pense que cette chouette n’a pas été écrasée mais peut-être électrocutée : elle présentait de petites plaies rondes sur le dessous des pattes et n’avait à priori pas d’os brisés.
Le second oiseau est un de faisan de Colchide (Phasianus colchicus). Lui, par contre, est mort par collision avec une voiture (patte droite, aile droite et partie droite du sternum brisées net).
On peut voir sur l’arrière de ses pattes des petites excroissances osseuses qu’on appelle ergot, qu’on trouvé chez les Galliformes et les Ansériformes. Il n’est pas toujours présent chez la femelle selon les espèces, mais en tout cas plus important chez le mâle. Les hommes ont pour coutume de le remplace par un ergot métallique sur les coqs de combat. Le faisan mâle étant polygame, les ergots leur permettent de se défendre dans les combats de mâles.
On trouve plusieurs espèces de faisans en France, mais celle-ci se distingue entre-autre par la longueur des plumes de la queue et par la caroncule rouge chez le mâle. Le dimorphisme sexuel est important : tout comme l’ergot, les deux sexes présentent par exemple des plumages très différents. Cette espèce peut se reproduire avec la poule domestique, mais leur descendance est stérile. Cette fois, ses caractéristiques sont adaptées à son comportement alimentaire d’opportuniste. Se nourrissant de fruits, insectes et graines, ses pattes et son bec sont puissants, pour lui permettre de gratter la terre afin de trouver sa nourriture.
Ce faisant a un plumage qui fait clairement penser à une femelle, mais les femelles de cette espèce n’ont pas d’ergots. Je pense donc qu’il s’agissait d’un jeune, un mâle pas encore adulte. En effet, leur plumage ressemblent à celui des femelles.
Le faisan n’étant pas une espèce protégée (sauf ses nids et ses œufs qu’on ne doit pas prélever ou dégrader), je l’ai récupéré et il est en cours de nettoyage dans l’idée de faire un montage ostéologique. L’étude des os me permettra peut-être de vérifier mon hypothèse sur l’âge de ce faisan.
Femelle (© Elliott Neep), mâle (© Elliott Neep) & tarso-métatarse d’un coq et d’une poule (© ossamenta)
Et pour finir sur une touche de couleurs, quelques photos que j’ai prises devant un zoo. Il s’agit d’un paon bleu (Pavo cristatus). Cet oiseau a vraiment de belles couleurs, mais j’aime bien également l’effet que ça donne sur les individus avec mutations de la mélanine. Chez certains individus, la mélanine (qui donne la couleur aux tissus), ne migre pas correctement dans le plumage et cela donne des effets de couleur intéressants, comme la mutation alba, qui donne un individu blanc (mais il ne s’agit pas ici d’albinisme). Un croisement entre individu de type sauvage (bleu) et un individu de type alba (blanc) peut donner la variation panachée, qui donne un individu avec un patchwork entre blanc et couleurs. Les faisans mâles peuvent aussi avoir une mutation du plumage, qui leur donne un corps noir avec de beaux reflets (mutation tenebrosus).
paon panachée © Ralph Daily