Passer domesticus

Il y a quelques jours, il y a eu de très fortes pluies accompagnées de vents violents. Résultat, un matin, le viking a trouvé une centaine de moineaux domestiques (Passer domesticus) morts sur le chemin de son travail : ils ont été délogés de leurs nids dans des platanes par le climat. Ce sont de magnifiques oiseaux et je voulais les immortaliser avec cette série de photographies. Sur les dix-huit visibles de cette séries, la moitié n’étaient pas encore tout à fait adultes. Ils pèsent tous entre 23 et 32 g et mesuraient entre 11 et 13,5 cm ; ce qui est globalement petit.
Pour plus d’informations sur ces petits passereaux, je vous invite à lire ces pages : wikipedia.org / oiseaux.net






Faisan de Colchide

ll y a quelques semaines je vous ai parlé d’un faisan de Colchide (Phasianus colchicus) que j’avais trouvé au bord d’une route. Après quelques semaines de préparation, il est enfin propre. Pour le nettoyage j’ai d’abord utilisé les mouches, mais comme la plupart des tissus étaient séchés j’ai testé une nouvelle méthode pour terminer cette étape : l’eau bouillante. Ça a duré plusieurs heures et ça a été plutôt efficace puisque vous pouvez voir le résultat brut sur les photos. Malheureusement j’y ai aussi perdu du cartilage costal, un fragment de crâne, les parties cornées (sur la mandibule et la plupart des étuis cornés des griffes), les secondes phalanges des ailes, les deux phalanges du premier doigts du membre inférieur droit et les pièces osseuses des anneaux sclérotiques se sont désolidarisées (c’est ce qui se trouve dans la boite en plastique). On pourrait les blanchir pour finaliser le processus mais on a décidé de garder cette couleur un peu terreuse, qui fait un peu moins plastique que le blanc parfait.

Maintenant que les os sont propres, on peut se pencher un peu plus sur ce qui a pu lui arriver.
Du côté droit, l’humérue (1), le coracoid (2), le fémur (3) et la furcula (4) sont brisés. Comme il a été découvert sur la route, je pense qu’il a été percuté du côté droit par une voiture, ce qui a causé sa mort.
Du côté gauche, la scapula (5) et le brechet (6) sont aussi brisés.
D’autres particularités sont notables. La dixième vertèbre cervicale a un trou sur sa partie droite (7). Le crâne était très fragile et en pièces (8).

Le bréchet est dévié (9), ça arrive régulièrement chez les tout jeunes, car ils ont encore les os assez malléables. La cause de cette déformation peut être alimentaire :
en cas de carences alimentaires (l’ossification est donc altéré au cours de la croissance) ; ou mécanique : lorsqu’il y a un déséquilibre au niveau du squelette par l’oisillon a une mauvaise position dans son nid (par exemple lorsqu’ils ont les pattes trop écartées sous le corps dans le nid : cela tire sur le squelette axial et déforme le bréchet).

On peut voir sur l’arrière de ses pattes des petites excroissances osseuses qu’on appelle ergot, qu’on trouvé chez les Galliformes et les Ansériformes. Il n’est pas toujours présent chez la femelle selon les espèces, mais en tout cas plus important chez le mâle. Chez le faisan, il n’est présent que chez les mâles.
On remarque aussi que les ailes sont très petites par rapport à la stature de cet oiseau. Les ailes sont courtes : cela implique qu’il ne peut pas tenir le vol sur de longues distances.
Par contre les pattes sont très grandes et très pauvres en muscles : en effet elles fonctionne avec un système de tendons, et ce ce qui rend les pattes puissantes, et permet d’ouvrir et fermer les griffes. Cette puissance lui permet de gratter activement la terre pour chercher sa nourriture. Les pattes ont quatre doigts, de 2, 3, 4 et 5 phalanges.
Le plumage ressemblait à celui d’une femelle (avec des couleurs plus éclatantes), la présence des ergots me fait dire qu’il s’agissait d’un mâle, mais les os sont matures. Les ornithologues considèrent qu’un oiseau est juvénile tant qu’il n’a pas atteint son plumage d’adulte et les os sont matures avant le plumage. Je reste donc sur mon idée qu’il s’agissait d’un jeune mâle pas loin de la maturité, qui s’est dont fait percuté par une voiture. Son jeune âge expliquerait aussi l’extrême fragilité du crâne.

On dirait du sang qui s’est accumulé et qui a séché dans une partie du bréchet.

Felis silvestris catus

Comme en ce moment je n?ai rien de spécial à vous montrer en montages ostéologiques, aujourd?hui, un petit focus sur l?ostéologie (mêlée à un peu d?anatomie) du chat domestique. Je tiens à préciser que toutes les photos de ce post sont les miennes. Ce post n’a pas pour but d’être complet, c’est plutôt une introduction sur le sujet avec les moyens du bord.

Le chat domestique (Felis silvestris catus) est un mammifère de l?ordre des Carnivora et de la famille des Felidae. C?est une sous espèce du chat sauvage (Felis silvestris silvestris), qui descendraient peut-être du chat sauvage d?Afrique (Felis silvestris lybica).



Felis silvestris silvestris (Muséum d’histoire naturelle de Genève)

Comme tout félidé, il possède des adaptations physiques très spécifiques et poussées à sa condition de prédateur/carnivore.



Colonne vertébrale incomplète d’un spécimen de huit semaines. Ce spécimen a la particularité de n’avoir qu’une petite dizaine de vertèbres caudales (non présentes sur la photo).

Son squelette possède 250 os et est très flexible, notamment au niveau axial (colonne vertébrale), ce qui, combiné à la souplesse des muscles dorsaux, lui confère une grande souplesse. Son corps est très athlétique, composé d?environ 500 muscles très élastiques. Il peut réaliser des bonds de cinq fois sa propre hauteur, et peut courir à 40/50 km/h. Ce n?est malgré tout pas un coureur endurant, mais un sprinter. Il sait très bien nager, quoiqu?en majorité il n?apprécie pas l?eau. Sa queue est un peu plus longue que celle de beaucoup d?autres mammifères puisqu?elle possède entre 20 et 24 vertèbres caudales.



Crânes de siamois adulte, d’un autre chat domestique adulte et d’un chat de huit semaine.

Le crâne possède un museau très court donc un nombre de dents réduit. Sa formule dentaire est : I3/3 C1/1 P3/2 M1/1 (30 dents) (I, C, P, M correspondant à incisive, canine, prémolaire et molaire) ; alors que par exemple chien (qui a un museau plus long) a plus de dents : I3/3 C 1/1 P 4/4 M2/3 (42 dents). Le chaton a 26 dents déciduales (I3/3 C1/1 P3/2).



Demi mandibule de chat adulte.

La quatrième prémolaire et la première molaire sont transformées en dents carnassières très coupantes : les inférieures et supérieures fonctionnent en duo comme des paires de ciseaux, pour déchirer la chair. A cela sont associés de puissants muscles s?insérant au niveau de la mâchoire notamment dans les profondes fosses massétériques et temporales. Cette association permet de déchirer efficacement la chair et ainsi d?avaler sans avoir à la mâcher ; après que les canines aient servies à tuer la proie.



Les orbites globuleuses.

Le crâne a une forme très globuleuse, qui lui donne une plus grande force dans les mâchoires, avec un mouvement vertical. Les orbites sont également très globuleuses.



Comparaison entre le membre antérieur partiel d’un individu de huit semaines et d’un d?individu adulte.

Les scapulas ne sont reliées au squelette axial que par un ligament, ce qui contribue à la grande souplesse de l?animal en permettant une importante liberté de mouvement des membres antérieurs, et notamment un écartement latéral pour monter aux arbres. Les membres antérieurs se terminent par cinq doigts dont le premier (le pouce) ne touche jamais le sol. Il possède sept os du carpe, car deux fusionnent durant le développement (l?homme en possède huit).



Membre postérieur d’un individu de huit semaines.

Les membres postérieurs sont constitués des muscles les plus développés du corps du chat et sont également plus longs que ceux du membre supérieur. Les membres postérieurs n?ont que quatre doigts (le premier ayant disparu au cours de l?évolution).



On remarque bien ici l’enveloppe de kératine, séparée de la partie osseuse de la dernière phalange, qu’elle doit entourer pour former la griffe.

Le chat est digitigrade, c?est-à-dire qu?il repose ses membres uniquement sur les phalanges. La dernière phalange se termine par une griffe rétractile en kératine soutenue par de l’os, qui sort de sa gaine sous l?effet de la contraction de muscles fléchisseurs des doigts. Sous les phalanges, les pattes reposent sur des coussinets qui lui confèrent une démarche silencieuse, bien utile pour la prédation. Il s?agit aussi d?organes sensitifs importants, sensibles aux moindres vibrations.

Certaines races de chats possèdent des modifications anatomiques bien particulières, issues de mutations que les hommes ont sélectionnées pour leur particularité ou leur effet spectaculaire. Certaines de ces mutations concernent des caractéristiques osseuses comme :

  • Le Manx dont la mutation concerne la queue, qu?on peut séparer en différentes catégories : sans queue (donc sans vertèbres caudales) ; ou avec une à trois vertèbres caudales.
  • Le Munchkin a les pattes très courtes, et donc les os des membres très raccourcis.
  • Les chats à « face plate » comme les Persan ont un crâne très modifié, brachycéphale (plus large que long). Je serai aussi curieuse de pouvoir en voir un, un jour, c?est très particulier.



Comparaison entre un crâne de lynx roux, un de chat domestique adulte et un de chat domestique de huit semaines

Les autres félidés qu?on peut trouver en Europe sont le chat sauvage (Felis silvestris silvestris), le lynx ibérique (Lynx pardinus) et le lynx boréal (Lynx lynx). La photo du crâne de lynx (Lynx rufus) ci-dessus montre bien la différente de taille entre lynx et chat domestique (il s?agit d?une espèce américaine pour le coup, mais la taille et l?aspect sont très similaires avec le lynx ibérique ou le lynx boréal).



Lynx lynx (musée d’histoire naturelle de Lille)



Panthera leo (musée d’histoire naturelle de Lille)

Le chat domestique fait partie d?une des plus petites espèces de felidae (35 à 50 cm), au contraire par exemple du lion (Panthera leo), qui mesure entre 160 et 250 cm (seconde plus grande espèce de felidae au monde). Comme on peut le voir sur la photo précédente, contrairement avec le lynx roux, les différences entre un crâne de lion et un crâne de chat sont beaucoup plus importantes : crêtes sagittale et occipitales très développée, museau plus long, ?



Chat de trois jours, f?tus de 7,5 semaines et de 6,5 semaines environ.

Là on s?éloigne un peu de l?ostéologie, juste quelques photos de différents stades de développement. De gauche à droite sur la photo précédente on peut voir des individus non matures : un jeune de trois jours, un f?tus de 7,5 semaines et un f?tus de 6,5 semaines.
A 6,5 semaines, les griffes et coussinets sont présents, mais pas les vibrisses. Il n’y a pas encore de duvet sur la peau et il mesure environ 60 mm.



F?tus d’environ 7,5 semaines.

A 7,5 semaines, les vibrisses sont présentes, un duvet apparaît sur la peau et il mesure 90 mm.

A trois jours après la naissance, l?individu a toute sa fourrure et est complètement formé, si ce n?est quelques différences, notamment les proportions qui sont très différentes par rapport à un individu adulte. Le museau est plat, les yeux sont encore fermés et les griffes ne peuvent pas encore être rentrées. Les oreilles sont minuscules et entièrement recouvertes de poils.

Pour finir, voici quelques articles sur le sujet :

Et pour tout savoir de A à Z sur l’ostéologie du chat dans les moindres détails, je vous conseille cet ouvrage : Anatomie comparée des mammifères domestiques : Tome 1, Ostéologie ; de Robert Barone.