Myocastor #2

L’an passé j’avais fait un post sur un ragondin que j’avais entièrement nettoyé. Il y a quelques temps j’ai récupéré un crâne de la même espèce que j’avais depuis des années, et je trouve que c’est une bonne occasion de reparler un petit peu de cette espèce et de ce crâne.

Le ragondin appartient à l’ordre des rongeurs (Rodentia), au sous-ordre des Hystricomorphes et à la famille des Myocastoridae.

Les rongeurs sont caractérisés par une denture sans canines et avec une paire d’incisives à croissance continue. Leur mâchoire est capable de mouvements horizontaux pour limer et broyer, et de mouvements verticaux.
Les Hystricomorphes ont un crâne avec un très large canal infraorbitaire (l’énorme trou qu’ils ont devant l’orbite), ce qui permet au muscle masséter d’y passer (puissant muscle de la mastication).

Les Myocastoridae ne sont actuellement représentés que par l’espèce du ragondin, mais il existe des espèces fossiles. La première caractéristique qui saute aux yeux est la présence d’incisives massives de couleur orange sur leur bord antérieur. La formule dentaire est I 1/1 C 0/0 P 1/1 M 3/3, avec un total de 20 dents.


Chez cette espèce le rostre (museau) est long et large. Les os nasaux (sur le dessus du rostre) sont rectangulaires. Les orbites sont également larges et la boite crânienne est au contraire petite et étroite. La crête occipitale (celle horizontale à l’arrière du crâne) est plus développée que celle sagittale (celle verticale sur le dessus de la boite crânienne).

Le crâne de gauche provient d’un adulte originaire d’Amérique du Nord, tandis que celui de droite d’un jeune mâle du sud de la France, tué par un véhicule, et que j’ai nettoyé.

Le spécimen plus vieux est plus imposant (il avait fini sa croissance), avec des crêtes sagittale et occipitale plus développées. Le plus jeune a encore l’os poreux par endroits (l’os est en général plus poreux lorsque l’individu n’a pas fini sa croissance et n’est pas encore arrivé à sa taille définitive).


Le plus vieux a été blessé au milieu des os nasaux. L’os a été totalement brisé en losange : on voit bien les bords où l’os a fait plein de petites excroissances et l’os neuf au milieu qui a repoussé, plus fin et plus fragile. Je pense que la reconstitution osseuse n’était pas encore terminée au moment de sa mort. Je n’ai aucune idée de ce qui a pu causer cela.


On retrouve le même phénomène sous le museau, au même endroit, dans l’os incisif droit. Il n’y a pas d’anomalie entre les deux, dans les narines.

ragondin
Au niveau de la dentition, sur le spécimen de droite on discerne encore très bien les reliefs à la surface des dents, critère qui montre encore une fois que l’individu est mort jeune. Sur l’autre spécimen en revanche, les dents sont presque arasées (les prémolaires sont d’ailleurs très abimées sur leur extrémité antérieure).
Cela, associé aux petites excroissances osseuses que fait l’os par endroits, et au développement massif de ses crêtes crâniennes, je pense que cet individu est mort assez vieux. Je n’ai pas d’indices pour déterminer l’âge en fonction de l’usure des dents chez cette espèce, mais il avait peut-être dans dans les trois/quatre ans (pour une espèce dont la longévité est de quatre).

Je pense que le jeune n’avait que quelques mois car il avait une taille presque adulte mais avec un squelette pas encore tout à fait mature, et que la maturité sexuelle est entre 4 et 10 mois pour un mâle.


Et pour finir, voici une vue de l’extrémité d’une incisive. Le fait que la racine reste ouverte permet sa croissance continue, tout au long de la vie de l’animal.

Martes foina # 2

Voici les restes d’une fouine, il s’agit même de la seconde que je nettoie. Vous pouvez lire le post sur la première ici.
Celle-ci a été trouvée encore une fois en bord de route, au petit matin, encore fraiche. C’était une femelle, adulte, qui a été renversée par un véhicule.


Comme on peut le voir sur la photo précédente, elle saignait abondamment au niveau de la tête. Ça me fend toujours le cœur de voir des animaux dans cet état. La couleur et la taille de la tache claire sous le cou est un des principaux critères pour différencier la fouine de la martre (deux espèces qui se ressemblent beaucoup).


Personnellement je préfère utiliser le critère des coussinets : la martre a des poils sur les coussinets, au contraire de la fouine.


Je n’avais pas le temps de m’en occuper lorsque je l’ai récupérée donc j’ai laissé les mouches faire la première partie du travail, jusqu’à n’avoir plus que les os, quelques tissus et une peau verte. J’ai enlevé la peau et j’ai mis le reste à macérer durant quelques semaines.


Lorsque les os ont été débarrassés de tous tissus mous, je les ai nettoyé à la brosse avec l’aide d’eau chaude et de liquide vaisselle transparent.


Pour finir, ils ont été plongés 24h dans un bain d’eau oxygénée. Voici le résultat sur les carpes et métacarpes des deux pattes antérieures.


Les côtes et le sternum.


Quelques os ont été abimés : double fractures du coxal droit, fracture de la tête de la première côte droite, cassure nette de la mandibule droite et puis surtout le crâne est tombé en miettes. Toutes ces cassures sont péri-mortem. Il ne fait aucun doute que le véhicule a percuté le pauvre animal en pleine tête.


Les mandibules avant le recollage.


Comme on peut le voir, j’ai effectué un recollage sommaire du crâne. Le squelette est quasiment complet : j’ai réussi à perdre quelques phalanges, les trois dernières vertèbres caudales, des sternèbres et la seconde côte droite (il est grand temps que je m’achète un tamis). Contrairement à la première fouine, j’ai réussi à conserver l’ensemble de l’appareil hyoïde (le petit tas d’os à côté du crâne) et les rotules.


Détail du membre postérieur gauche, qui a toutes ses phalanges et étuis cornés (griffes).


Le squelette axial.


Voici le crâne de la première fouine (à gauche), qui, pour rappel, était un grand mâle adulte. On voit bien la différence entre les deux en termes de gabarit (celui du mâle est plus long, plus large, avec des orbites plus larges et un rostre plus massif), mais également de structures. En effet chez le mâle, la crête sagittale (celle qui traverse la boite crânienne au-dessus, verticalement) est développée, alors qu’elle est presque inexistante chez la femelle. L’effet est un peu moins marqué avec la crête occipitale (celle qui traverse l’arrière de la boite crânienne, horizontalement).
Le dimorphisme sexuel est ainsi marqué de cette façon chez la plupart des espèces de carnivores, au niveau des crêtes du crâne.


Le crâne de cette femelle est également plus plat, avec une face légèrement moins convexe.
Ses dents sont un peu plus usées que celles du mâle (notamment les canines supérieures), on peut donc penser qu’elle est morte plus âgée.


Comme sur la première fouine, cette femelle avait quelques anomalies osseuses isolées dont je n’explique pas l’origine. L’une concerne les deux premières vertèbres thoraciques. Celles-ci sont parfaitement soudées entre elles. Les deux premières paires de côtes étaient donc très proches l’une de l’autre. A droite on peut voir les vertèbres du mâle correspondantes, pour comparer.


La scapula droite est totalement anormale au niveau de sa surface articulaire, puisque cette dernière est entourée d’exostose. On le voit bien à gauche sur la photo, il y a des excroissances osseuses au niveau de l’articulation qui fait la jonction avec l’humérus. Je ne pense pas que cela ait toute fois pu engendrer une diminution de l’amplitude des mouvements possibles de l’épaule.


Et pour finir, on observe le même phénomène sur l’extrémité proximale de l’ulna gauche. Le haut de la tête porte le même type d’excroissances, et je ne pense pas non plus que cela ait beaucoup gêné l’animal.


Pour récapituler, je vous ai mis les os abimés en bleus et ceux présentant des anomalies en rouge.

Affaire à suivre car je nettoie actuellement une troisième fouine, toujours tuée sur la route, et encore une fois une femelle adulte.

Buteo buteo / Pernis apivorus

Une taxidermie ancienne de rapace chinée aux puces. Très majestueuse !
Pour l’identification j’hésite entre la buse variable & la bondrée apivore (merci Mathias). Une idée ?